–       Quel est le sens de la vie ?
Fais-tes devoirs, on verra plus tard !
–       Quel est le sens de la vie ?
Fais ce qu’on te dit !
–       Quel est le sens de la vie ?
Tais-toi !
 (les deux mots que les collégiens disent
entendre le plus de la part des adultes)

Alors on se lève le matin, on mange, on boit, on marche, on travaille, on parle, on drague, on mange, on boit, on se couche… La question du sens est étouffée par le quotidien. Un trou dans l’emploi du temps ? On allume un écran, on joue, on surfe sur le net ou on chatte sur les réseaux sociaux. Il n’y a quasiment plus d’espace vierge, de temps de rien. Quand on se promène dans la rue, le bruit, les lumières, les images publicitaires sollicitent nos sens. Nous remplissons nos vies de plaisir… Mais le bonheur risque de nous échapper, car si le plaisir excite nos sens, il n’est pas joie. La joie a besoin de sens. Le mot sens a trois significations : sensation, direction et signification.

SENSATION : Je me sens vivre – Nous éprouvons de la joie lorsque nos capteurs sensoriels nous permettent de percevoir le mouvement de la vie en nous.

DIRECTION : Je m’accomplis – La joie surgit lorsque nous réussissons à atteindre nos objectifs, lorsque nos actes sont fondés sur nos valeurs, lorsque notre vie a une direction.

SIGNIFICATION : J’ai ma place – Nous sommes pleins de joie quand nous sommes réunis, quand nous sommes utiles, quand nous nous sentons appartenir à un groupe. Les liens qui nous unissent les uns aux autres rendent notre vie signifiante.

L’humain a donc un centre, ses sensations, et deux aspirations fondamentales : aimer et se réaliser.

L’humain a donc un centre, ses sensations, et deux aspirations fondamentales : aimer et se réaliser. Ces deux voies peuvent paraître antinomiques, tant notre société cultive des croyances telles que : l’enfer c’est les autres, l’amour freine la liberté, la liberté c’est être seul… En réalité, elles sont inséparables.

L’axe horizontal est celui de la connexion. Je me sens appartenir, à une famille, à un groupe, à l’humanité, je prends ma place parmi les autres. Je me sens utile. Pour cela, chacun a besoin d’apprendre à communiquer, à développer ses compétences sociales, à cultiver l’empathie et la compassion, ainsi que la résolution non violente des conflits, c’est le vivre-ensemble.

L’axe vertical est celui de l’individuation, du devenir soi. J’existe (le mot dérive du latin classique ex(s)istere : sortir de, se manifester, se montrer. Le préfixe ex- souligne l’extériorisation, sistere : se tenir debout.) J’existe quand je me dresse, quand je fais la différence. Je développe mon Moi, je réponds aux questions d’Où viens-je et Où vais-je ? J’exerce mon pouvoir sur le monde, je me réalise, j’accomplis ma mission. Pour cela, chacun a besoin d’apprendre à oser être lui, à penser par lui-même, à identifier et incarner ses valeurs, à guérir de son passé pour s’en sentir riche, à se libérer des conditionnements et de l’influence sociale, à prendre la parole et oser sa propre puissance. C’est le savoir Etre.

Savoir Etre et Vivre Ensemble sont deux dimensions à cultiver et nourrir pour être vraiment heureux sur cette terre, individuellement et collectivement. C’est ce à quoi œuvre la fondation SEVE.

Rejoindre le comité scientifique de la Fondation me permet
de participer à cette montée de sève dans le cœur et la tête des adolescents. 

Isabelle Filliozat est psychothérapeute, conférencière, elle est auteure d’une vingtaine d’ouvrages traduits en vingt langues sur les émotions, les relations et les enfants, dont «L’intelligence du coeur» et «J’ai tout essayé». Précurseure en France du mouvement de parentalité positive, elle a publié «au coeur des émotions de l’enfant» il y a plus de vingt ans. Directrice de collection chez JC Lattès et Nathan, elle a à coeur de mettre toujours davantage d’outils concrets à la disposition des parents et des éducateurs.